La scène se passe dans le Temple de Jérusalem devant la salle du trésor, et Jésus remarque la manière dont les gens donnent. Beaucoup de riches mettent de grosses sommes. Et voilà que survient une pauvre veuve qui met deux modestes piécettes.

Alors, appelant ses disciples Jésus leur déclare : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Mt 12,44)

Serait-ce donc qu’il y a une autre échelle de valeur aux yeux de Dieu, qui détrône celle pourtant si établie des valeurs financières? Voilà qui est bien étrange, serait-on tenté de dire.

A moins qu’avec Jésus nous comprenions que la valeur véritable est celle de la charité, celle de l’amour. On se souvient des mots de l’Apôtre Paul : « J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. » (1ere lettre aux Corinthiens ch.13, v.3).

Jésus ne critique pas les dons des riches, mais il révèle la valeur suprême qui se cache dans le modeste et pourtant total don d’amour que fait la pauvre veuve en donnant tout ce qu’elle avait pour vivre, acte total de confiance et d’amour envers Dieu.

Il est possible que Jésus discerne aussi dans ce geste de la pauvre veuve une annonce prophétique du que lui-même va faire de sa propre vie sur la croix. Comme dit encore Saint Paul : « Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2 Co 8,9). Les deux piécettes de la veuve, tout ce qu’elle avait pour vivre, peuvent ici symboliser de Jésus sa chair livrée et son sang versé.

A l’époque du Christ, les dons au trésor du Temple servaient à financer sa reconstruction. Or, désormais avec Lui Jésus, le Temple c’est Lui-même en son corps.  Par la suite, le Temple c’est Jésus-Christ en son Corps l’Eglise dont il est la Tête.

Ainsi nous pouvons comprendre que c’est bel et bien la charité qui édifie le Corps du Christ, Temple de Dieu véritable. Ce sont les actes de charité qui ont la véritable valeur qui ne passe pas mais demeure en vie éternelle.

Qu’à l’instar de la pauvre veuve, tous nos actes soient emprunts de charité, la vraie valeur qui édifie, la vraie valeur qui jamais ne passera !

Père Antoine d’Eudeville