« Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. […] Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. »

Dans ce monde blessé par tant de conflits et de violences, dans notre Église où là aussi de telles blessures ne manquent pas, il nous est toujours difficile d’entendre ce commandement. La tendance moderne à restreindre l’amour à un sentiment positif renforce cette difficulté : comment pourrait-on avoir un sentiment positif pour une personne qui nous fait du mal ?

Pourtant, ce n’est pas ce que nous commande Jésus ! L’amour que Jésus demande pour les ennemis n’est pas un sentiment, mais des actes, et même des actes gratuits « sans rien espérer en retour » ! Et l’expérience nous montre que de tels actes sont la réponse la plus juste face au mal présent en nous (pour une part, nous sommes notre propre ennemi) et autour de nous.

Car aimer nos ennemis, dans l’enseignement de Jésus, c’est d’abord prier pour eux, c’est-à-dire non pas prier pour qu’ils continuent à faire du mal, mais pour qu’ils se convertissent !

Étant donné que celui qui fait du mal se blesse aussi lui-même dans sa capacité à aimer, aimer nos ennemis, c’est aussi agir de manière respectueuse pour qu’ils arrêtent de faire du mal. De multiples modes d’action sont possibles, depuis le dialogue pour exprimer la blessure que nous ressentons jusqu’à la justice qui aide le délinquant à prendre conscience de ses actes et à les assumer.

Enfin, aimer nos ennemis, c’est aussi leur faire le bien dont ils ont besoin : « si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire. […] Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien. » (Rm 12, 20-21).

Que le Seigneur nous aide, ainsi que nos gouvernants, à faire ce choix de l’amour dans la vérité, la justice et la miséricorde.

P. Gilles de Cibon