« Et il transfiguré devant eux »
En ce 2e dimanche du Carême, l’évangile nous donne « d’assister » à un événement inouï : la Transfiguration du Seigneur. A travers elle se dévoile le grand mystère de la divinité du Christ. Jusqu’ici, celle-ci demeurait largement voilée sous son humanité et ne transparaissait qu’à travers certains signes de Jésus : « qui est-il pour que même la mer et les vents lui obéissent ? » (Mc 4,41).
À travers l’événement de la Transfiguration – où Jésus apparaît « dans une grande lumière » – se dévoile sous un jour unique ce que le Credo (de Nicée Constantinople) professe de Jésus : « Il est Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » !
Pour être témoins de ce mystère, Jésus a appelé auprès de lui ses trois disciples Pierre, Jacques et Jean, les mêmes trois disciples qui seront appelés pour être près de lui témoins de son agonie et de sa souffrance extrême à Gethsémani. A la Transfiguration, ces disciples sont ainsi comme préparés à supporter la future grande défiguration de Jésus dans sa Passion.
Ils seront mieux à même de comprendre que ce grand scandale, la souffrance du Messie, sera aussi mystérieusement le lieu de la Révélation de sa gloire. Là sera révélée la gloire de l’Amour infini, la gloire de la vie livrée du Fils de l’Homme-Fils de Dieu pour le salut du pécheur. Mystère et splendeur de la divinité du Messie crucifié dont la gloire d’amour donnera « naissance » à l’Eglise.
Contempler le Christ transfiguré et le mystère de ses deux natures humaine et divine, nous renvoie donc aussi aux deux natures – humaine et divine ! – de son Corps qui est l’Eglise. En effet l’Eglise, Son Eglise, est composée d’hommes, certes pécheurs, mais fondamentalement pardonnés, sanctifiés, et appelés à se conformer toujours davantage à l’Evangile. L’Eglise – ce Corps du Christ que nous formons – toute imparfaite qu’elle est ici-bas, est cependant habitée et sanctifiée sans cesse par l’Esprit Saint. Il y a en elle un mystère permanent de « transfiguration » afin qu’elle puisse devenir toujours davantage ce qu’elle est dans le dessein de Dieu : « cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; […] sainte et immaculée. » (Ephésiens 5,27).
Nous ne pouvons que trop déplorer le visage d’une Eglise ternie par les péchés de ses membres, par nos péchés, par mes péchés… Mais plus la charité, l’espérance et la foi rayonnent en nous et dans toute l’Eglise, plus alors elle laisse transparaître sa véritable identité, son véritable mystère d’Eglise-Corps du Christ, vivant de son Esprit.
Le temps du Carême est un temps favorable de purification pour que la vie du Christ rayonne en nous davantage jusqu’à éclater au jour de Pâques, car nous sommes ressuscités avec le Christ. Laissons la lumière de la foi, de la prière, de la fraternité, de la miséricorde nous traverser, nous transformer, nous transfigurer, alors nous correspondrons toujours davantage à ce que le Christ nous a confiés d’être : lumière du monde
P. Antoine d’Eudeville, curé