Et voilà, les disciples sont en route vers Jérusalem, ils cheminent aux coté de Jésus. Et ils sont là parce qu’un jour ils ont dit oui à Jésus qui les appelait. Ils se disent : mais quelle idée ! monter vers Jérusalem alors que Jésus leur a dit, et redit trois fois qu’il fallait qu’il aille là-bas pour être mis au rang des malfaiteurs, pour mourir. Ils ne veulent pas y croire… En particulier, Jacques et Jean, qui ont été témoin de la résurrection de la fille de Jaïre, ils connaissent le pouvoir qui est en Jésus. Alors quand il leur dit qu’il faut qu’il monte à Jérusalem pour y être mis à mort, ils ne peuvent pas comprendre. Ils suivent un homme exceptionnel, peut-être même un prophète, ils pensent donc beaucoup plus à la gloire qu’à la défaite et comme on les comprend !
Nous aurions réagi de la même façon d’autant plus que dans ce groupe, il y en a quelques-uns qui pensent avoir une sorte de priorité, puisqu’ils sont les plus anciens, et ayant dit oui depuis l’origine. Jacques et Jean en font partie et c’est légitime de leur part de demander d’avoir une place particulière. Ne sommes-nous pas constamment dans notre vie en train plus ou moins directement de revendiquer la place qui, à nos yeux, nous revient. C’est bien ainsi que fonctionne notre société. Face à ça, la réponse de Jésus est empreinte d’une plénitude d’une grandeur d’une miséricorde et d’une tendresse qui est bouleversante : il leur dit. Êtes-vous capables de boire à la coupe ? Moi, je vais boire à cette coupe, moi je vais recevoir le baptême leur dit-il. Ces deux mots-là dans l’ancien testament et dans l’évangile ont une dimension que nous, nous ne retrouvons pas facilement dans le quotidien de l’existence. La coupe, pour un juif respectable, c’est la coupe du sacrifice, c’est la coupe qui permet de se donner, de s’offrir. Quant au baptême, ne pensons pas à au baptême que nous célébrons aux fonds baptismaux : le baptême par immersion. Le baptême dont parle le Christ, c’est sa mort. En sommes-nous capables nous dit Jésus ?
Sur cette petite route qui mène à Jérusalem, se trouve bousculée, pour le petit groupe de disciples qui suivent Jésus, la vision globale de son avenir. Il n’envisage plus son avenir en termes humains, en termes de pouvoir, même d’un pouvoir respectable et légitime, il commence à entrevoir que c’est autre chose et que le chemin étroit par laquelle ils vont devoir passer, c’est le chemin que le maître est en train de suivre qui, à tout prendre n’est pas en apparence si agréable que cela. Alors nous comprenons enfin que nous est offert de suivre les pas du Christ, et cela veut dire, marcher vers le calvaire et vers la croix. Il n’y a pas d’autre terme à la route. Cela ne procure peut-être pas ce bonheur immédiat auquel les hommes de notre monde aspirent sans beaucoup de succès, mais cela nous donne la joie, cette joie que nous avons au plus profond de notre être et qui nous fait entrer dans la vie éternelle.
Vincent Redier, Diacre