Lazare sort!
Voici que se termine aujourd’hui la deuxième partie du carême, celle qui nous a conduit du troisième à ce cinquième dimanche ; demain commencera le temps de la passion et la liturgie va nous orienter vers la croix et la mort du Seigneur tout notre effort doit être tendu vers ce grand moment de Pâques. Notre tâche dans ses derniers moments de préparation est de rendre l’être que nous sommes, vivant, pleinement vivant. Ce sont nos décisions, petites et grandes, qui contribuent à faire que nous soyons des êtres vivants. Dans ce monde tellement clos sur lui-même, monde dans lequel nous sommes baignés, préoccupés de nos plaisirs et de nos peines, de nos ambitions et de nos échecs, de nos amours et de nos deuils, de nos désirs et de nos désespoirs, de nos fascinations et de nos dégoûts, de nos joies futiles et de nos tristesses, dans ce monde clos peut surgir un appel : « Lazare sort !»
Vous le savez, Beaucoup de pères de l’église ont considéré Lazare comme le type du pécheur. Ainsi saint Irénée écrit : « le mort sorti, les pieds et les mains liées de bandelettes. C’était le symbole de l’homme enlacé dans ses péchés. » Et bien sûr, la résurrection de Lazare, c’est aussi l’image de l’homme sauvé par Jésus. Pensons à tout cela au moment où nous sommes appelés à nous approcher du sacrement de réconciliation.
Alors peut se faire entendre une voix secrète, d’abord murmure puis chant puis hymne symphonique : une espérance se fait jour, un autre monde une autre vérité, une autre lumière se laisse percevoir, à travers les fractures de ce monde asphyxiant, tragique, insensé, une autre vérité, qui nous invite à sortir de notre captivité, de nos tombeaux à tous. Le cœur de chacun d’entre nous est le lieu possible de ce miracle. Magnifique appel à sortir du tombeau, à sortir à la lumière, à la vie, à l’amour sauveur, à une créativité créatrice de paix et de beauté. Bien heureux l’homme qui laisse jaillir en lui cet appel ! Voilà, que par Jésus qui nous sauve et nous aime, nous pouvons non pas choisir la mort, mais bien opter pour la vie, et baignés de lumière défaire les bandelettes du péché pour avancer vers la gloire qui nous attend.
Vincent Redier, diacre