L’Église nous fait entrer ce dimanche dans le temps de l’Avent, temps qualifié « d’attente joyeuse » de la venue et de l’avènement définitif du Seigneur. Pour nous préparer à célébrer Noël et la venue du Seigneur dans la chair, notre Sainte Mère l’Église nous prépare d’abord à sa venue à la fin des temps. « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ». « Viens Seigneur Jésus ! ». « Maranatha ! ».
Pourquoi cette insistance sur l’attente du Sauveur, l’attitude de veille dans la prière, et le fait de se tenir prêt en tenue de service ? Ces attitudes sont inscrites dans notre baptême, elles caractérisent l’homme nouveau qui ne vit plus pour lui-même mais pour celui qui est mort et ressuscité pour lui. L’alliance que Dieu est venue sceller avec l’humanité est une alliance sponsale, où l’épouse dit à l’Époux : Viens ! Dans la seconde venue nous allons à la rencontre de l’époux qui vient pour nous inviter à ses noces. Notre bonheur ne sera complet que lorsque nous serons unis définitivement au Seigneur.
Si l’année liturgique est remplie d’eschatologie, de considérations sur la fin, le temps de l’Avent l’exprime de manière tout à fait particulière. Bien qu’il n’apparaisse dans la liturgie romaine comme préparation à Noël qu’au VIIe siècle, nous sommes forcés de constater que l’attente de la venue du Seigneur caractérise profondément notre être chrétien et la condition de tout baptisé. La liturgie réveille ainsi en nous un aspect fondamental de notre baptême.
La source de l’attente eschatologique de la seconde venue du Christ se trouve dans la Pâque. Le moment particulier qui focalisait cette attente était la veillée pascale, dans laquelle on attendait le retour définitif et glorieux du Christ, comme le rapporte un texte antique appelé L’Évangile des Hébreux. « Les savants pensent que le jour du jugement tombera dans le temps de pâques, par le fait que le Christ ressuscite en ce jour, et que les saints eux-aussi ressusciteront en ce jour ». Ainsi la veillée pascale a été pendant les quatre premiers siècles un jour d’attente, comme en témoigne les homélies pascales de St Jérôme, St Augustin etc. Toutes les catéchèses baptismales des Pères de l’Église (cf. Cyrille de Jérusalem, etc), reprises dans l’Office des lectures de l’Avent, nous rappellent les deux venues du Seigneur dans la chair et dans la gloire. St Bernard rajoute une venue intermédiaire, celle du Fils de Dieu en nos âmes dans l’aujourd’hui de notre vie.
Parler de la fin est indispensable pour vivre l’aujourd’hui. C’est en oubliant la fin, et la finalité de notre vie que nous perdons pieds. L’Église nous relève et nous dit : « redressez la tête » pour accueillir Celui qui est, qui était et qui vient.
p. Biasgiu Virgitti